Qui suis-je ?

Les murs de ma librairie sont trop petits, je pars donc sur le web pour partager avec chacun mes coups de cœurs (nombreux), mes coups de gueules (beaucoup moins). Littérature blanche, Polar, Imaginaire, Bd, Comics etc... J'essaie de parler de tout ce que j'aime. Au plaisir de pouvoir partager cela avec vous. Bienvenue et bonnes lectures !

jeudi 17 janvier 2013

L'étrange destin de Katherine Carr, de Thomas H. Cook

Après l'excellent "Les feuilles mortes", disponible en Folio policier, j'ai attaqué avec plaisir le dernier Thomas H. Cook paru au Seuil "L'étrange destin de Katherine Carr".

L'histoire suit un ancien écrivain voyageur vivant avec les remords de la perte de son fils, remords qui le hantent. Il vit en écrivant des petits papiers, en dressant des portraits des personnalités locales, pour un journal.

Mais il va être amené à découvrir, avec une jeune fille qui est atteint d'une maladie incurable, la vie et la disparition étrange de Katherine Carr qui ont eues lieu vingt ans plus tôt à travers les écrits qu'elle a laissés derrière elle.

Récit dans le récit dans le récit, ce texte laisse plus de questions que de réponses une fois celui ci terminé.

L'ambiance est lourde, et chacun des personnages vit avec ses propres doutes et remords, comme si personne n'était réellement innocent dans cette histoire.

L'écriture de Cook est toujours un plaisir et il amène à la perfection la touche de fantastique qui permet de basculer dans une ambiance gothique, où la frontière entre la fiction et le réel est totalement brouillé, et où chacun cherchera à trouver ses propres réponses.

dimanche 13 janvier 2013

Magie brute, de Larry Correia

Quand j'ai mis la main la première fois sur Magie Brute de Larry Correia, je pensais avoir dans les mains un bon gros nanar de série Z, très vite lu, et très vite oublié.
Et bien NON !!! Ce titre est sans conteste le meilleur titre d'imaginaire que j'ai lu cette année.
Indéfinissable, ce titre est tout simplement jouissif.

Mais sinon, parlons du livre en tant que tel.
Notre monde a été totalement chamboulé avec l'apparition de la magie, et où une poignée d'élus se découvre des pouvoirs. Cela est apparu à la fin du XIXe, et a donc chamboulé totalement notre histoire.
On a le droit aux téléporteurs (les voyageurs), aux télékinésistes (les bougeurs), ceux capables d'accroître leurs capacités intellectuels (les engrenages) et bien d'autres encore, chacun affublé de leur propre surnom.

Notre héros, Jack Sullivan, vétéran de la grande guerre (entendre la 1ère Guerre Mondiale) et truand au bon fond, va se retrouver entraîné dans une lutte entre deux camps : d'un côté le Grimnoir, une organisation secrète d'actifs, et de l'autre l'empereur Japonais et ses sbires, qui vivent particulièrement bien le fait d'être la deuxième nation la plus puissante du monde.

Cela ressemble à un pot pourri de plein de choses.
Pour l'ambiance, prenez un peu de Sin City et mélangez le à un bon polar des années 30.
Pour l'histoire, il faut voir du côté Pulp tout comme le comics de super héros.
Ajoutez à cela, des zombies, des méchants nippons, des références cinématographiques, historiques etc etc...
Et enfin, le tout saupoudré d'un humour tranchant et efficace, avec des personnages singuliers, originaux et hauts en couleur.

Bref, que du bonheur. Je ne pense pas que ma critique fasse honneur à ce livre, mais si vous ne devez lire qu'un titre de 2012 en imaginaire, c'est assurément celui là.

Arrive un vagabond, de Robert Goolrick

Il y a maintenant deux ans, Robert Goolrick m'avait étonné par son premier roman autobiographique "Féroces". Il y peignait un tableau au vitriol et totalement sarcastique de sa famille dans les années 50. Une riche famille bourgeoise qui n'avait qu'une seule règle : les secrets de la famille ne doivent pas dépasser la porte de la maison.

Mais il revient aujourd'hui avec "Arrive un vagabond", toujours chez Anne Carrière, et le cadre reste sensiblement le même : une petite ville de Virginie.

Comme le titre l'annonce, le roman débute avec l'arrivée en ville d'un vagabond, Charlie Beale, muni de ses deux valises, l'une rempli d'argent, l'autre avec quelques affaires et des couteaux de boucher.
Pourquoi arrive t-il ici ? Comment s'est-il procuré cet argent ? Nous ne le saurons sans doute jamais, mais l'intérêt du livre est dans les relations qu'il entretiendra petit à petit avec les membres de cette petite communauté où tout le monde se connaît et où les faux semblants et les habitudes sont monnaie courante.
Très vite adopté en tant que nouveau boucher, il va prendre ces marques dans Brownsburg, et c'est ainsi que l'histoire devient intéressante car c'est une histoire d'amour avant tout.
Un amour inconditionnel de Charlie pour cette ville, mais surtout pour une femme outrageusement belle et scandaleusement inaccessible car mariée au plus riche propriétaire terrien de la région.

Et là, tout est dit, l'auteur a le talent de narrer une histoire sans jamais trop en dire, juste avec les mots qu'il faut sans pour autant délester la qualité. Et l'on prend un réel plaisir à voir évoluer cette petite bourgade autour des frasques de notre nouvel arrivant, avec ses mœurs, ses ragots et tout ses instantanées de vie d'un petit patelin perdu dans les années 50.
De plus, Goolrick nous dresse un portrait assez dur des relations entre individus (mari/femme, père/fils...) et l'on prend presque un plaisir malsain à voir ce petit monde aller à la catastrophe, car c'est bien ainsi que cela finira.


Certaines n'avaient jamais vu la mer, de Julie Otsuka

Voici un livre Coup de Cœur qui m'a totalement subjugué "Certaines n'avaient jamais vu la mer" de Julie Otsuka paru chez Phebus.

L'histoire nous raconte l'immigration des femmes japonaises au début du siècle dernier. Parties de leur île natale grâce à une agence matrimoniale, elles s'évadent pleines d'espoir vers les États Unis.
Le roman débute sur le bateau qui les emmène dans leur nouveau monde. Chacune fait part de ses inquiétudes, de ses espoirs, de son passé qu'elles abandonnent pour construire une nouvelle vie auprès d'un beau et riche mari d'origine japonaise qui les attend.
De riche et de beau, elles n'en verront rien car, dès leur arrivée, en voyant les mains calleuses de leurs nouveaux maris, elles savent, qu'elles ont quitté une vie de dur labeur pour une autre.

Et nous voilà partis à suivre ces femmes, toutes ensembles, à travers leurs vies aux USA. La première nuit qui ressemble à un viol collectif sur le port, la découverte des blancs dédaigneux et hautains, le travail dans les champs (un vibrant hommage aux "Raisins de la colère"), les premiers enfants, et la difficile transmission de leur culture à leur descendance qui ne se sent plus japonaise.
Et enfin, l'arrivée de la guerre, de la suspicion envers les japonais, et de leur disparition petit à petit des campagnes et des villes, le reniement de leurs enfants etc...

Ce livre est troublant et a un intérêt particulier car nous ne suivons pas une héroïne ou plusieurs. Nous suivons le groupe dans son ensemble. Tout l'ouvrage est construit avec "nous". Ici pas de prénoms, juste des impressions, des bribes de vies, des expériences. Et c'est là, la grande réussite de ce roman. Car à travers ce groupe, on peut suivre la vie de tous les immigrés américains, qu'ils soient d'origines nippones, africaines, chinoises, ou hispaniques.
L'histoire de ses femmes est réelle. En fin d'ouvrage, l'auteure cite ses nombreuses sources. Et l'on peut se demander si l’œuvre est réellement un roman, tant Julie Otsuka n'a fait que copier des brèves de vies, mises bout à bout, toutes juxtaposées pour recréer l'histoire.

Cela forme un des plus beaux récits de la rentrée littéraire de septembre, de plus il a été couronné du prix Femina Étranger.